Établissez des associations multiples

Établissez des associations multiples

Le rappel mnémonique se faisant de proche en proche à travers un réseau d'associations multiples, qui vont du connu aux images mnésiques, un souvenir sera d'autant plus stable et d'autant plus facile à ramener à la conscience qu'il a plus de relations avec d'autres souvenirs.
C'est ainsi que le souvenir des mots est généralement excellent parce qu'il est habituellement enraciné dans quatre mémoires différentes qui ont été mises en vidence par la maladie qui peut supprimer l'une sans atteindre les trois autres: la mémoire auditive, la mémoire visuelle, la mémoire graphique et la mémoire d'articulation.

Cette remarque conduit immédiatement à cette application pratique: pour retenir un mot ou une formule scientifique difficiles, il faut les écrire et les prononcer à haute voix tout en s'écoutant parler.

D'autre part, vous déterminera par l'observation et l'expérience si, au point de vue mnémonique, l'on est «auditif», « visuel» ou « moteur ». Soit, par exemple, à retenir un mot un peu difficile: Rabindranath. Si, à cet effet, vous éprouvez le besoin de l'entendre prononcer, c'est que vous êtes surtout un « auditif ». Si vous êtes obligé de l'écrire, c'est que vous possèdez une mémoire «visuelle et motrice». Si vous vous le représentez nettement en votre esprit, c'est que vous êtes essentiellement un «visuel ».

Remarquez au passage que ces types de mémoire sont plutôt des types schématiques et approximatifs que l'expérience rigoureuse de la réalité. En fait, la mémoire de chacun de nous est à la fois auditive, visuelle et motrice. Chez un individu normal, si médiocre que soit par exemple la mémoire visuelle, elle sera toujours suffisante pour lui permettre de se rappeler la physionomie de ses parents; ou si faible que soit sa mémoire motrice, elle lui permettra toujours de se souvenir des mouvements nécessaires pour marcher ou pour écrire. Il ne faut donc pas vouloir rencontrer dans la vie des esprits qui réalisent complètement et uniquement l'une ou l'autre des différentes formes de mémoire que vous venez de distinguer. La mémoire appartient à la fois aux divers types mais il reste vrai que la plupart des mémoires se rattachent à l'une plus qu'à l'autre.

En tout cas, la forme de mémoire qui prédomine en vous étant définie, vous vous efforcerez de développer votre mémoire dans le sens qui lui est favorable tout en lui associant les autres formes de souvenir. Vous n'en retirerez que des avantages.
 
En effet, si, évoquant un objet ou un fait, vous vous remémorez avec promptitude et netteté son image visuelle, la reviviscence aisée de cette dernière, en même temps que très avantageuse en soi, sera d'une utilité d'autant plus grande que vous aura eu soin d'y rattacher préalablement, grâce à des associations répétées, les images auditives et motrices: celles-ci réapparaîtront en même temps que l'image dominante.

Autrement dit, en cultivant à la fois votre mémoire visuelle et les autres formes de mémoire, vous rendrez votre mémoire en général plus facile et plus riche, puisque, dans tel ou tel cas, un souvenir, par exemple auditif, viendra suppléer un souvenir visuel défaillant, le fortifiera s'il est faible, le complétera s'il est incomplet: bref, vous vous rappellerez mieux les choses, d'une façon plus exacte et plus intégrale, si vous pouvez disposer de plusieurs espèces de mémoire au lieu d'une.

En outre, puisque c'est la multiplicité des sensations qui facilite le travail de la mémoire, vous vous efforcerez d'en augmenter le nombre. Lorsque vous aurez, par exemple, à apprendre un morceau de poésie, vous chercherez les intonations les meilleures, les plus variées, les plus justes afin d'impressionner, par une grande diversité de sensations, votre ouie et vos organes vocaux. Si vous copiez un texte, vous ferez des accolades, des coupures, des changements d'écriture et d'encre en rapport avec le sens du sujet. Et, dans tous les cas, si vous avez déterminé votre type de mémoire, vous insisterez sur la sensation que vous retenez le mieux.