Faites travailler votre inconscient
Ainsi que vous l'avons signalé à propos du rabâchage, il ne faut jamais chercher à retenir sur-le-champ une notion ou un texte. Il est nécessaire, pour qu'elle s'ancre bien dans la mémoire, que l'idée à retenir envoie de nombreuses racines dans les différentes régions de l'esprit, en particulier dans l'inconscient, et cela n'est possible qu'avec le temps.
La mémorisation et en général le travail intellectuel sont en effet, pour une grande part, oeuvre inconsciente de l'esprit: c'est dans le mystérieux laboratoire de l'inconscient que s'organisent les matériaux dont votre mémoire est faite et dont les résultats apparaissent ensuite à votre conscience; c'est là que se forment les oeuvres les plus modestes de l'imagination comme les découvertes géniales et c'est là aussi que se résolvent souvent, alors que vous n'y pensez plus, les problèmes dont vous avez cherché en vain la solution dans les efforts de votre attention consciente.
A ce sujet, un exemple banal est fourni dans la recherche des mots croisés. Lorsqu'ils ne viennent pas immédiatement à l'esprit, il suffit très souvent d'abandonner un moment le jeu pour les trouver alors facilement: l'inconscient a travaillé. Mais, dans tous les cas, et dans les conditions habituelles, l'inconscient n'a pas de pouvoir magique. Il ne peut oeuvrer sur une question déterminée que si les facultés conscientes l'ont déjà examinée sur toutes ses faces. « L'inspiration, disait Napoléon, est la solution spontanée d'un problème longuement médité. »
C'est surtout pendant le sommeil que l'enracinement, que le tallage des idées a lieu. Aussi nous vous conseillons de ne jamais préparer une leçon pour le jourmême.
Il convient de l'étudier, au plus tard, la veille, ou, mieux, l'avant-veille du jour où elle doit être sue et d'y penser avant de s'endormir. Vous serez souvent surpris de constater le lendemain matin ou le surlendemain matin que vous la possédez parfaitement. En tout cas, s'il n'en est pas exactement ainsi, ses éléments apparaîtront beaucoup plus clairs, beaucoup plus nets, beaucoup plus simples, et, en définitive, bien plus faciles à retenir. A votre insu, l'inconscient a oeuvré.
Cette technique s'applique, bien entendu, non seulement aux leçons à apprendre, mais aussi à la mémorisation d'un texte quelconque: discours, chanson, rôle de théâtre, etc.
Une variante du procédé a été préconisée par l'instituteur américain Max Sherover. Ayant eu un soir l'idée d'aider son fils à retenir un poème en le lui répétant pendant qu'il dormait, il constata le lendemain que l'enfant récitait sa leçon sans faute.
Enthousiasmé par cette réussite, il inventa le «cérébrographe» constitué d'un magnétophone, d'une pendulette électrique et d'un minuscule haut-parleur que l'on place sous l'oreiller. A une heure déterminée, qui correspond au sommeil profond, l'appareil se met en marche de lui-même et chuchote une leçon préalablement enregistrée.
Aujourd’hui, il est facile, avec un ordinateur, de déclencher l’écoute de fichiers MP3 préalablement enregistrés, pendant la nuit, aux heures que l’on souhaite. Il suffit de se procurer un écouteur spécial qui se glisse sous l’oreiller.
Les résultats obtenus sont très souvent des plus satisfaisants. Actuellement, beaucoup d'acteurs utilisent des méthodes de ce genre pour apprendre leur rôle en dormant. C'est ainsi que grâce à lui le chanteur chilien Ramon a appris en une semaine son rôle de « Carmen » qu'il chanta sans accent à la Scala de Milan, très peu de temps après son engagement.
En l'occurrence, tout se passe comme si le cerveau, n'étant pas gêné par les inquiétudes et les occupations, a une capacité très grande pour assimiler puis se rappeler l'information.
Toutefois, étant donné que l'emploi du cérébrographe impose au cerveau un travail intellectuel important alors qu'il devrait se reposer, vous préconisons de préférence la technique décrite dans le paragraphe suivant.