L’exécution de la décision

L’exécution de la décision
Enfin, l'activité volontaire s'achève avec l'exécution de la décision, avec l'action proprement dite, c'est-à-dire avec l'accomplissement des mouvements utiles et propres à réaliser l'idée choisie, à atteindre le but entrevu.

S'il est vrai que l'acte volontaire est relativement indépendant de sa totale réalisation matérielle, il est nécessaire cependant qu'il y ait au moins orientation vers l'action et même commencement d'exécution, sinon la résolution ne serait qu'une intention fugitive, une simple velléité et non une volition proprement dite.
D'ordinaire, vouloir et agir ne font qu'un et la détermi-nation coïncide indivisiblement avec le point de départ et l'exécution. Au moment même où l'on se décide, on a conscience d'un effort qui est le commencement et comme le signal de l'action. On conçoit mal, en effet, une volonté purement contemplative qui, après avoir décrété l'acte, assisterait, en simple spectatrice, à sa réalisation spontanée.
A vrai dire, cette description de l'acte volontaire décomposé en phases nettement tranchées a été vivement critiquée par des psychologues contemporains tels que D. Roustan (Psychologie) et le docteur Ch. Blondel (Nouveau Traité de Psychologie de G. Dumas). De leur côté, les existentialistes contestent l'importance de la délibération. Je me décide, disent-ils, et je me donne ensuite la comédie de
la délibération et des « motifs ». Motifs et mobiles n'ont, affirme J.-P. Sartre, « que le poids de mon projet ». D'autres psychologues adoptent un point de vue d'inspiration psy-chanalytique. La détermination de nos actes serait incons-ciente mais nous les justifions à nous-même par de pseudo-motifs. La décision, en l'occurrence, précède la délibération; elle est issue de nos tendances et son origine est, pour l'essentiel, inconsciente.
Tout cela est fort possible mais, néanmoins, nous conservons la description que nous avons donnée du processus volitif, car, dans bien des cas, elle se rapproche assez près de la réalité.
Au surplus, notre ouvrage étant un livre essentiellement pratique, qui se propose de montrer comment on peut cultiver sa volonté, nous laissons délibérément de côté ces controverses, ainsi d'ailleurs que les autres discussions théoriques, relatives par exemple au facteur personnel ou aux facteurs sociaux de la volonté, qui n'apporteraient aucun élément utile à notre point de vue.
En revanche, nous allons examiner certains aspects de la volonté qui nous feront mieux comprendre ce qu'elle est, et, de ce fait, nous aiderons à préciser les méthodes propres à la développer. Ces points sont les suivants: les éléments psychologiques de la volonté; la volonté et l'habitude; les défauts, les maladies et les limites de la volonté.