Méthode fragmentaire et méthode globale

Méthode fragmentaire et méthode globale

Lorsqu'il s'agit d'apprendre littéralement un morceau de prose ou de poésie vous pouvez utiliser la méthode fragmentaire ou la méthode globale.
 
Dans le premier cas, vous apprendrez le texte par petits fragments. Ainsi, vous lisez les deux ou trois premiers vers d'une poésie, vous les relisez, et, ensuite, vous vous efforcez de les répéter sans regarder le texte et vous revenez sans cesse sur ces deux ou trois vers jusqu'à ce qu'ils soient sus.
 

La méthode globale consiste à lire le morceau tout entier et à chercher à le retenir comme un tout. Après une lecture, ou, de préférence, après quelques lectures totales vous faites un essai de répétition puis vous revenez à la lecture du texte.
 
Ensuite, sans vous préoccuper de l'oubli que vous avez pu faire en répétant de mémoire, vous effectuez encore une lecture globale, c'est-à-dire entière d'un bout à l'autre du texte.
 
« Il n'est pas besoin de dire, écrit Alfred Binet, que cette méthode globale est contraire à votre instinct car elle exige beaucoup plus d'attention que l'autre. Lorsqu'on répète par groupes de deux ou trois vers, vous pouvez faire le travail machinalement, vous cherchez alors à retenir la sonorité de la phrase, comme une musique qui impressionne l'oreille intérieure; mais si vous s'astreint à tout lire il est impossible de retenir le son, car cette musique dénuée de sens est très courte, elle s'éteint tout de suite comme un écho; il faut alors fixer autrement son attention, la faire pénétrer plus avant jusqu'au sens, jusqu'aux idées du morceau. C'est ce petit effort supplémentaire qui vous déplaît, car vous êtes singulièrement ménagers de votre attention. Or, l'expérience a appris que la méthode globale, malgré son caractère rébarbatif, est nettement supérieure à l'autre pour la conservation des souvenirs; elle permet d'apprendre un peu plus vite, et, surtout, ce qui est important, elle assure une conservation plus longue et plus fidèle. Ainsi, un sujet, au bout de deux ans, pouvait encore réciter 23 p. 100 des morceaux appris par la méthode globale, et rien que 12 p. 100 des morceaux analogues appris par la méthode fragmentaire. Nous croyons que la supériorité de la méthode globale tient à beaucoup de petites causes, mais, la principale, à votre avis, c'est qu'elle utilise la mémoire des idées, tandis que par l'autre méthode vous ne fait intervenir que la mémoire sensorielle des mots. »
 
En fait, cette conclusion de l'éminent directeur du Laboratoire de Psychologie à la Sorbonne est un peu trop absolue car vous pouvez, en utilisant la méthode fragmentaire, saisir le sens global du texte: il suffit de lire d'abord celui-ci en entier.
 
En tout cas, du point de vue pratique, l'expérience vous a montré que la méthode fragmentaire, qui sollicite un effort d'attention moindre que la méthode globale, convient particulièrement aux jeunes élèves, et que cette dernière doit être de préférence utilisée par les étudiants et les adultes à condition toutefois que leur faculté d'attention soit intacte. Mais, dans les périodes de fatigue, où le pouvoir d'attention est émoussé, les étudiants et les adultes auront intérêt à employer la première
méthode.