Une autre façon de faire travailler l'inconscient

Une autre façon de faire travailler l'inconscient
Il est vraisemblable que l'élaboration subconsciente du cerveau pendant le sommeil est concomitante de son état particulier caractérisé par ce fait qu'il est alors le siège des rythmes électroencéphaliques «alpha » ou « delta ».
A ce sujet, signalons que les variations électriques des cellules cérébrales produisent des courants d'ensemble que l'on peut enregistrer à travers le crâne. Ces courants d'action sont de très faible voltage (de l'ordre du dixième de millivolt) et sont oscillants d'où le nom impropre qui leur est parfois donné d'«ondes cérébrales ».

Selon leur fréquence (c'est-à-dire d'après le nombre d'oscillations qu'ils présentent à la seconde) et selon leur amplitude, on distingue essentiellement quatre sortes de courants électriques cérébraux que l'on désigne par leur rythme: les rythmes «alpha», «bêta», « thêta » et « delta ».
Le premier correspond au repos sensoriel. Il est formé d'oscillations assez régulières d'aspect pseudo-sinusoidal et présentant de 8 à 12 cycles par seconde.
Vous l'obtenez avec un sujet normal au repos, détendu psychiquement, en relâchement musculaire complet et les yeux fermés. Il disparaît lorsqu'on ordonne au patient d'ouvrir les yeux. Il s'évanouit également si le sujet fait un effort intellectuel suffisant, si vous lui fait entendre un bruit assez intense ou si vous le soumettez à une excitation douloureuse.
Le rythme « bêta » se rapporte à l'activité sensorielle. Il est constitué de très petites oscillations de fréquence plus rapide que celle du rythme alpha (14 à 30 oscillations par seconde). Il persiste chez certains sujets gardant les yeux fermés. Ce sont des personnes dont l'imagination est à prédominance visuelle ou qui présentent un médiocre équilibre vago-sympathique.
Une troisième forme d'activité rythmique se manifeste beaucoup plus rarement et sa présence est inconstante. Sa fréquence qui est basse est de l'ordre de 4 à 7 oscillations par seconde. On l'appelle le rythme « thêta ». Il est habituellement lié à un état émotionnel désagréable. Vous le rencontrez aussi chez les personnes à comportement agressif.
Dans les différentes affections du système nerveux central: l'épilepsie, les encéphalites et les méningo-encéphalites, les traumatismes crâniens et leurs séquelles, les tumeurs cérébrales, les grandes psychoses (la schizophrénie en particulier) vous constatez que les tracés électroencéphaliques sont modifiés. D'autre part, l'alcool, la caféine, les tranquillisants et quelques autres drogues affectent les ondes alpha d'une façon variable, c'est-à-dire selon les individus; en revanche, l'effet du tabac est plus caractéristique: presque tous les gros fumeurs présentent très peu d'alpha et ont une activité bêta considérable et, à ce sujet, les travaux de Barbara Brown ont montré que les électroencéphalogrammes des gros fumeurs sont faciles à distinguer de ceux des non-fumeurs en raison de leur faiblesse en rythme alpha qui, d'ailleurs, est relativement rapide.
Pendant le sommeil, le rythme alpha persiste d'abord mais sa durée et son importance diminuent progressivement. Le tracé électroencéphalique passe ensuite par plusieurs stades différents dont le dernier, qui correspond à un sommeil profond, est représenté par un rythme très lent égal ou même inférieur à 4 oscillations par seconde et désigné sous le nom de rythme « delta ». Les rêves introduisent de très brèves perturbations dans l'électroencéphalogramme du sommeil, ce qui laisserait supposer, comme le pensaient déjà les psychologues, qu'ils sont extrêmement courts.
Mais les Drs Kietmans et Dement, qui ont créé « le laboratoire des rêves » à l'Université de Chicago, ont montré récemment qu'ils étaient en réalité assez longs. 
 En 6 heures de sommeil, une personne normale passerait 64 minutes à rêver et plus de 90 minutes en 8 heures. Le rêve surviendrait, pour chaque individu, à heures fixes, quatre fois par nuit en moyenne et durerait de 8 à 30 minutes.
Le réveil fait parcourir à un rythme accéléré et en sens inverse les étapes successives qui conduisent au sommeil.
Etant donné que pendant le sommeil le cerveau est capable, comme nous l'avons vu dans le paragraphe précédent, d'enregistrer automatiquement un texte quelconque, nous avons pensé qu'en suscitant volontairement en soi les rythmes alpha et delta il serait possible d'apprendre facilement. C'est effectivement ce que nous avons constaté en utilisant la technique suivante que nous préconisons depuis quelque trente ans.
On enregistre d'abord sur magnétophone – ou un enregistreur MP3 ou même un ordinateur - le texte que l'on désire apprendre ou assimiler: leçon, données littéraires, linguistiques, géographiques, historiques, scientifiques, technologiques, etc., et, s'il y a lieu, discours, chanson, rôle de théâtre.
Cela fait, vous vous installez confortablement dans un fauteuil ou, mieux, vous vous étendez sur une chaise longue, sur un divan ou sur un lit et vous cherchez à réaliser un état de relaxation aussi complet que possible. Alors, au bout de quelques minutes, et comme vous l'avons signalé, les bruits du dehors sont faiblement perçus, les membres semblent engourdis, la sensibilité est atténuée.
C'est à ce moment que doit fonctionner le texte enregistré grâce à l'intervention d'une tierce personne, ou, de préférence, à l'aide d'un dispositif automatique, tel que le « task scheduler », préalablement réglé. Les paroles, susurrées selon un débit plutôt lent, doivent être tout juste audibles. 
 Au cours de l'audition, aucun effort d'attention ni même de compréhension ne doit être fait. Dans ces conditions, les connaissances, et notamment les connaissances linguistiques, s'inscriront comme par enchantement dans le cerveau.
En l'occurrence, vous avez provoqué en effet, mais en quelque sorte volontairement et en connaissance de cause, ce qui se produit lorsque l'inconscient travaille au cours du sommeil.
Notons au passage que cette façon d'apprendre est à la base de la suggestopédie mise au point par Georgi Lozanov, médecin et psychothérapeute bulgare. Les étudiants se trouvant dans un état de relaxation aussi complet que possible, l'instructeur psalmodie, sur un fond de musique classique, les matières qu'il désire enseigner lesquelles sont, en général, des langues étrangères. Durant cette phase passive, ils ne doivent pas prêter attention à la leçon, mais écouter uniquement la musique. « L'étudiant-type, affirme Georgi Lozanov, apprend ainsi en deux ou trois mois un ensemble de connaissances qui demande normalement deux ans d'études universitaires. »
Cette méthode, qui depuis plusieurs années est utilisée au célèbre Institut de Suggestologie de Sofia, est maintenant répandue dans le monde entier, et, en particulier aux Etats-Unis où elle est largement commercialisée. Mais le procédé est souvent exploité sous une forme qui frise le charlatanisme. Ainsi que le soulignent Gay Gaer Luce et Julius Segal, chargés par le Gouvernement américain d'étudier les travaux de l'Institut de la santé des U.S.A. concernant le sommeil, « il existe maintenant dans presque toutes les grandes villes des U.S.A. des centres d'instruction par la détente et par le sommeil qui vous promettent de vous inculquer toutes les connaissances possibles et imaginables et de bonifier votre personnalité sans aucun effort de votre part.
Cela va de la connaissance du français à l'enseignement technique en passant par mille domaines, tels ceux de la réussite commerciale, de la lutte contre l'insomnie, de la psychothérapie subliminale, du traitement de l'onychophagie, du tabagisme, etc. »
Et ces auteurs ajoutent: «Aux États-Unis, les sociétés qui consacrent leur activité à l'enseignement en état second font des millions de chiffres d'affaires.»
Quoi qu'il en soit, malgré les succès incontestables de la suggestologie et des méthodes qui s'y rattachent, nous estimons que les autres procédés que vous trouverez dans cet ouvrage et qui font appel à l'attention, au jugement, au raisonnement, à l'association des idées, conservent toute leur valeur et ne doivent pas être négligés. En même temps qu'ils facilitent la mémorisation, ils développent en effet un certain nombre de facultés de l'esprit de sorte qu'en ce qui concerne en particulier l'instruction, l'assimilation des connaissances et l'éducation, ce serait courir après un mirage que de vouloir établir toute une pédagogie excluant l'effort volontaire et la réflexion consciente.