Le grand dictionnaire de cuisine


Charles VI, le jour de l’Epiphanie, avait à sa table plusieurs convives illustres, parmi lesquels se trouvait Guillaume de Hainault, comte d’Ostrevant. Tout à coup un héraut vint trancher la nappe devant le comte, en lui disant qu’un prince qui ne portait pas d’armes n’était pas digne de manger à la table du roi.

Guillaume répondit que, comme les autres seigneurs, il portait l’écu, la lance et l’épée.
«Non, sire, reprit le héraut, cela est impossible; car votre oncle a été tué par les Frisons, et jusqu’à ce jour cependant sa mort est restée impunie; certes, si vous possédiez des armes, il y a longtemps qu’il serait vengé.»
Les serviettes ne furent en usage que quarante ans après et sous le règne suivant. Les Celtes, nos premiers ancêtres, essuyaient leurs doigts aux bottes de foin qui leur servaient de sièges. Les Spartiates mettaient à côté de chaque convive un morceau de mie de pain destiné au même usage. Avant les premières serviettes de toile, qui furent faites à Reims, on s’essuyait les doigts avec des tissus de laine qui n’étaient ni neufs, ni blanchis de la veille.
En 1792, lors des voyages de lord Macartney, les Chinois ne se servaient encore que de deux petits morceaux de bois pour envoyer la nourriture dans leur bouche. La cuiller et la fourchette furent à peu près bannies de France jusqu’au XVIe siècle, et leur usage ne devint commun qu’au siècle dernier.35