Ainsi passèrent, au milieu de l’orgie romaine qu’ils éteignirent dans le sang, ces hommes qui, instruits de leur mission par un instinct sauvage, devancèrent le jugement du monde en s’intitulant le marteau de l’univers ou le fléau de Dieu.
Puis, quand le vent eut emporté la poussière qu’avait soulevée la marche de tant d’armées; quand la fumée de tant de villes incendiées fut remontée au ciel; quand les vapeurs qui s’élevaient de tant de champs de bataille furent retombées sur la terre en rosée fécondatrice; quand l’oeil, enfin, put distinguer quelque chose au milieu de cet immense chaos, il aperçut des peuples jeunes et renouvelés se pressant autour de quelques vieillards qui tenaient d’une main l’Evangile et de l’autre la croix.
Les vieillards, c’étaient les Pères de l’Eglise. Ainsi mourut, au commencement du Ve siècle, au temps de saint Chrysostome, cette civilisation qui avait donné tant de beaux jours à l’empire romain. L’odeur des festins de Trimalcion, de Lucullus, de Domitien, d’Héliogabale, qui avait éveillé l’appétit des barbares, tout fut perdu.32