Le grand dictionnaire de cuisine


Alaric, prêt à s’embarquer pour la Sicile, meurt à Cosenza. Alors ses soldats, à l’aide d’une troupe de captifs, détournent le cours du Buzento, leur font creuser une fosse pour leur chef au milieu de son lit desséché, y jettent sous lui, autour de lui, sur lui, de l’or, des pierreries, des étoffes précieuses; puis, quand la fosse est  comblée, ils ramènent les eaux du Buzento dans leur lit; le fleuve passe sur le tombeau; et, sur les bords du fleuve, ils égorgent jusqu’au dernier des esclaves qui ont servi à l’oeuvre funéraire, afin que le mystère de la tombe reste un secret entre eux et les morts. Quinze cents ans après cet événement, je traversais la Calabre au milieu du tremblement de terre qui venait de la secouer de fond en comble; le Buzento avait disparu tout entier dans une immense gerçure de la terre, le lit était à sec de nouveau;

je m’arrêtai à une auberge qu’on appelait le Repos d’Alaric et de la fenêtre je voyais toute une multitude remuant la terre mise à nu, pour retrouver cette tombe d’Alaric, qui contenait un cadavre enseveli dans des richesses suffisantes pour enrichir un peuple. Quant à Attila, il expire entre les bras de sa nouvelle épouse Udico; et les Huns se font avec la pointe de leurs épées des incisions au-dessous des yeux, afin de ne pas pleurer leur roi avec des larmes de femme, mais avec du sang d’homme. L’élite de ses cavaliers tourne autour de son corps, tout le jour, en chantant des chants guerriers; puis, quand la nuit est venue, le cadavre enfermé dans trois cercueils, le premier d’or, le second d’argent, le troisième de fer, est mystérieusement déposé dans la tombe sur un lit de drapeaux, d’armes et de pierreries; et, afin que nulle cupidité humaine ne vienne profaner tant de richesses funéraires, les ensevelisseurs sont poussés dans la tombe et enterrés avec l’enseveli.