Le grand dictionnaire de cuisine


«A qui? demandent-ils.
- Au roi de la terre et de la mer.» répond le vainqueur.
Mais bientôt il éprouve le besoin de porter ailleurs le fer et la flamme. Il ne sait pas, le barbare, quels peuples couvrent la surface du globe et il veut les détruire. Il se rend au port, embarque son armée, monte le dernier sur ses vaisseaux.
«Où allons-nous, maître? dit le pilote.
- Où Dieu me poussera!
- A quelle nation allons-nous faire la guerre?
- A celle que Dieu veut punir.»

C’est enfin Attila que sa mission appelle dans les Gaules; dont le camp, chaque fois qu’il s’arrête, couvre un espace de trois milles; qui fait veiller un roi captif à la porte de chacun de ses généraux et un de ses généraux à sa tente; qui, dédaigneux des vases d’or et d’argent de la Grèce, mange des chairs saignantes dans des assiettes de bois. Il s’avance et couvre de son armée les pacages du Danube. Une biche lui montre le chemin à travers les Palus Méotides et disparaît. Il passe comme un torrent sur l’empire d’Orient, enjambe avec dédain Rome déjà ruinée par Alaric, puis enfin met le pied sur cette terre qui est aujourd’hui la France: et deux villes seulement, Troyes et Paris, restent debout. Chaque jour le sang rougit la terre,
chaque nuit l’incendie rougit le ciel. Les enfants sont suspendus aux arbres par le nerf de la cuisse et abandonnés aux oiseaux de proie. Les jeunes filles sont étendues en travers des ornières, et des chariots chargés passent sur elles; les vieillards sont attachés au cou des
chevaux, et les chevaux aiguillonnés les emportent avec eux. Cinq cents villes brûlées marquent le passage du roi des Huns à travers le monde; le désert s’étend à sa suite, comme son tributaire; l’herbe même ne croît plus, dit l’exterminateur, partout où a passé le cheval d’Attila. Tout est extraordinaire dans les envoyés de ces vengeances célestes: naissance, vie et mort.