Comment orienter le sujet avec succès


Comment orienter le sujet avec succès
Cette première précaution observée, il faut se soumettre à une nouvelle obligation, non moins indispensable, qui consiste à maintenir le sujet dans l’ambiance de la vision, à éviter les interrogations décousues et surtout à ne pas sauter d’une question à une autre sans préparation. Il faut toujours intercaler un état de repos entre deux demandes différentes.

Par exemple, si le sujet décrit un espace peuplé d’êtres divers et composé d’étendues formées de colorations spéciales, on envisage un élément de la scène sur lequel on fait donner tous les éclaircissements utiles, puis on passe à l’élément suivant, sans brusquerie et ainsi de suite, de proche en proche, jusqu’à ce qu’on juge bon de changer la nature de la demande. On prévient alors le sujet de quitter sa vision et de se reposer, et on attend que lui-même ait indiqué qu’il s’est préparé au changement. Cette opération finit par se faire très rapidement ; le repos avec l’habitude ne dure que quelques secondes, mais il est indispensable ; autrement il en résulterait pour le sujet une fatigue croissante et des confusions qui ne tarderaient pas à le décourager. On comprend aisément qu’un appareil électrique ultra-sensible ne pourrait recevoir différentes communications sans désordre, s’il n’était accordé avec chacune d’elles après chaque changement, de manière à différencier et à séparer les ondes reçues. Il en est de même pour la psyché humaine ; malheureusement la plupart de ceux qui interrogent une voyante, ignorent cette règle et questionnent au hasard de leurs impressions : c’est une des raisons pour lesquelles ils ont souvent des résultats décousus et contradictoires.
En laissant le sujet s’orienter de lui-même et en prenant les précautions qui viennent d’être indiquées, on obtient non seulement des visions curieuses et inédites, mais encore des visions de qualités différentes. On sait qu’indépendamment de la représentation qu’elle fait surgir dans l’esprit, l’image donne une impression qualificative ; elle paraît lourde et grossière, ou ténue et subtile ; et est par elle-même agréable ou désagréable, esthétique ou laide et présente toutes les nuances possibles entre ces deux caractéristiques extrêmes. L’image d’unparterre de fleurs peut donner une sensation d’opacité ou de fluidité, de couleurs matérielles ou de lumières colorées infiniment douces, de vulgarité ou d’harmonie. En parcourant la gamme ascendante de ces impressions, le sujet a le sentiment de traverser les plans successifs formés de matières de moins en moins denses, et de sentir des vibrations de plus en plus harmonieuses en montant vers une lumière toujours plus admirable. Cette particularité des images donne lieu à une nouvelle possibilité d’erreur dans les réponses et à une nouvelle difficulté pour l’expérimentateur. En effet, l’image évoquée par le mot prononcé prend, suivant les circonstances et selon la disposition du sujet, un certain degré de qualité qui a pour effet de situer ce dernier dans le plan correspondant. La vision qui se développe ensuite constitue, en général, un élément d’exploration du plan, mais il peut arriver que, par l’effet des questions ou de son état psychique, le sujet change inconsciemment de plan ; comme les modalités de deux plans distincts sont différentes, il se produit une perturbation dans le jeu des images, la vision devient erronée, et les indications données sont trompeuses. On s’en aperçoit par une certaine discordance qui se manifeste dans l’association des images et par la qualité comparative des impressions ressenties.