Le seuil du subconscient

Le seuil du subconscient
En réalité, la persistance des réminiscences est exceptionnelle ; dans la plupart des cas, la personne, sous l’effet des mots prononcés, retrouve à peine trois ou quatre réminiscences, puis ne constate plus aucune impression. Cette absence d’impression est l’indice, non qu’elle chasse le mot comme au début du travail,
mais qu’elle est sur le seuil de son subconscient, et qu’elle va en sortir pour entrer dans la troisième phase, celle des images inconnues. En effet, il suffit de continuer l’émission des mots concrets pour provoquer l’apparition d’images qui ne rappellent aucun souvenir. Par exemple, le mot jardin fait surgir l’image de pelouses et de fleurs dont la disposition donne l’impression d’être totalement inconnue. Or, ceci n’est possible que dans deux cas : ou bien l’image émane d’une source étrangère, et le sujet est sorti de son subconscient ; ou bien la scène qui a provoqué ultérieurement l’image est restée enfouie dans les profondeurs du subconscient. Le sujet se trouve à la limite de celui-ci et est prêt à en sortir. Si cette sortie tarde un peu, on la hâte par l’accrochage, c’est-à-dire qu’ayant fait surgir, par exemple, l’image d’une allée de jardin ou d’une voiture, on invite le sujet à se promener en imagination dans l’allée ou à monter dans la voiture. Cette représentation de mouvement entraîne le déroulement d’une succession d’images panoramiques nécessairement inconnues et le résultat cherché est obtenu. Cela provient de ce que, dans l’accrochage, la double représentation intérieure de l’individu et de la scène évoquée se confondent ; il y a subordination de l’une à l’autre et entraînement fluidique ; l’expérience montre que l’accrochage peut provoquer le sommeil somnambulique chez un sujet prédisposé ; aussi ne doit-il être employé qu’à bon escient et convient-il d’en surveiller attentivement les effets.
Dans les cas ordinaires, quelques mots suffisent pour provoquer l’apparition de l’image spontanée, l’opération durant cinq ou dix minutes à peine. Les mots doivent être bien  articulés, séparés entre eux par l’intervalle de temps nécessaire au sujet pour analyser ses impressions, sans toutefois lui laisser trop de répit, afin qu’il ne puisse s’égarer dans ses propres images. Ils sont accompagnés de questions qu’on multiplie de plus en plus, et qu’on pose sur la nature de sensations éprouvées, de manière à obliger la personne à s’analyser aussi subtilement que possible.