Le grand dictionnaire de cuisine

Tous les ans le prince allait prendre les eaux de Bourbon-l’Archambault, qui avaient une excellente influence sur sa santé; il se rendait de là dans son magnifique château de Valençay, dont la table était ouverte à tous les hommes distingués de l’Europe.

A Paris, le prince dînait à huit heures; à la campagne, à cinq; quand le temps était beau, une promenade succédait au dîner. En rentrant on se mettait à la table de jeu, et le silencieux whist avait son tour; le jeu fini, M. de Talleyrand se retirait dans son cabinet de travail; là il s’assoupissait; ses flatteurs disaient: «Le prince réfléchit!» Ceux qui ne voyaient pas la nécessité de flatter disaient tout simplement: «Monseigneur dort.» L’Empereur, nous l’avons dit, n’était ni mangeur ni connaisseur; mais il savait gré à M. de Talleyrand de son train de vie. Voici l’opinion de l’illustre cuisinier Carême sur la cuisine de Cambacérès, que l’on nous a si souvent vantée à tort, à ce qu’il paraît: «J’ai écrit plusieurs fois – c’est Carême qui parle – que la cuisine de Cambacérès n’avait jamais mérité sa grande réputation. Je vais reprendre à cet égard certains détails, en citer quelques autres, et préciser le tableau de cette vilaine maison.