Le grand dictionnaire de cuisine

J’ai dîné deux fois chez Barras. Il y a trop longtemps, et j ’attachais trop peu d’importance au menu d’un dîner, pour me rappeler, même superficiellement, de quels mets ces deux dîners se composaient. Tout ce dont je me souviens, c’est que chaque convive avait derrière sa chaise un laquais debout, veillant à ce que jamais il n’attendît.

Je vis à l’un de ces dîners Mme la princesse de Chimay, née Thérésia Cabarrus, et à l’autre cet intrigant royaliste nommé Fauche- Borel, qui avait pris une part si active à la rentrée des Bourbons. Barras, cet ancien gourmand, en était réduit à manger d’un seul plat: on émiettait, avec une râpe, plein une assiette de pain; on coupait un gigot à peine cuit au-dessus de ce pain, que l’on inondait de jus. C’était le dîner de Barras.