« Cambacérès n’a jamais été gourmand dans l’acception savante du mot; il était né fort gros mangeur et même vorace. Pourrait-on croire qu’il préférait à tous les mets le pâté chaud aux boulettes, plat lourd, fade et bête! Un jour,
que le bon Grand’Manche voulut remplacer les boulettes par des quenelles de volaille, de crêtes et de rognons, le croiriez-vous? le prince se fâcha tout rouge et exigea ses boulettes de godiveau à l’ancienne, qui étaient dures à casser les dents: lui les trouvait délicieuses. Pour hors-d ’oeuvre, on lui donnait fréquemment un morceau de croûte de pâté réchauffée sur le gril, et on portait sur sa table le combien d’un jambon qui avait souvent servi toute la semaine. Et son habile cuisinier, qui n’avait jamais les grandes sauces! ni les sous-chefs ou aides, la bouteille de bordeaux! Quelle parcimonie! quelle pitié! quelle maison!