J’allais en outre, de temps en temps, dîner chez un illustre gourmand, qui avait renversé de vrais rois et de vraies reines, et qui avait été, lui cinquième roi de France, au Luxembourg, chez Barras. Nous sommes nés sur les limites des deux siècles, à deux ans, je crois, de différence: moi en 1802, vous en 1804 ou 1805.
Il en résulte que nous avons pu connaître, sur la fin de leur réputation, c’est vrai, – mais, d’une réputation méritée, il reste toujours quelque chose, – les plus fameux gastronomes de l’autre siècle. La société se modèle en général sur le chef de l’Etat. Napoléon n’était pas gourmand, mais il voulait que tout grand fonctionnaire de l’Empire le fût. «Ayez bonne table, disait-il, dépensez plus que vos appointements; faites des dettes, je les payerai.» Et, en effet, il les payait.