Prenez conscience de l’Universelle Nécessité

Prenez conscience de l’Universelle Nécessité
Dans l'éducation personnelle de la volonté, il convient, en premier lieu, de prendre conscience de l'universelle nécessité, mais, suivant la profonde remarque des Stoïciens et de Spinoza, il faut s'en affranchir en la comprenant et en l'acceptant.

A cet égard, les mathématiques, même très élémentaires, nous mettent en présence de la nécessité absolue, en face de rapports dont on ne peut concevoir le contraire : 2+3=5; la somme des angles d'un triangle vaut 180 degrés, etc.
L'astronomie, qui, dans ses recherches, utilise largement les mathématiques, éveille en nous l'idée de phénomènes qui se succèdent nécessairement et sur lesquels nous ne pouvons pas agir directement: alternance du jour et de la nuit; phases de la Lune; éclipses solaires et lunaires, etc.
La physique et la chimie nous montrent que certains phénomènes se produisent lorsque des conditions bien déterminées sont réunies et toutes les inductions de ces deux disciplines appliquent et vérifient sans cesse ce grand principe que rien n'arrive sans cause : sous la pression atmosphérique normale, l'eau bout à 100 °C; l'hydrogène et le chlore se combinent pour donner de l'acide chlorhydrique, etc.
La biologie nous fait connaître les lois de la vie, et, en particulier, la loi inéluctable de la mort, qui, au cours des siècles, a provoqué le plus de réflexions et frappe toujours l'imagination: tout ce qui vit, naît, se développe et meurt.
La psychologie nous révèle les lois mentales relatives, par exemple, à l'association des idées, à la mémoire, à l'habitude, au raisonnement, à l'imagination. Elle s'appuie souvent sur la physiologie, et, accessoirement, elle a recours à la médecine.
L'économie politique nous montre que les faits en apparence les plus spontanés, comme la production des richesses, leur circulation, leur valeur, le taux des salaires, dépendent en réalité de lois rigoureuses analogues, par leur nécessité, aux lois physiques, chimiques ou biologiques.
Enfin, la sociologie nous apprend que toute société est un fait naturel amené par des causes nécessaires lesquelles se développent en fonction de lois bien déterminées.
Si ces lois sont parfaitement comprises, elles peuvent exercer une influence puissante sur notre manière de penser, de juger et de raisonner. Elles nous mettent d'abord en présence du déterminisme universel et nous donnent l'idée d'ordre et de régularité aussi bien dans les domaines psycho-logique, biologique et sociologique que dans les phénomènes physiques et chimiques. Il en résulte que si nous raisonnons par exemple sur les lois économiques et sociales, elles nous évitent d'être dupes d'utopies brillantes et faciles.
Ensuite, transposées dans la vie courante, ces lois nous montrent qu'il ne faut pas compter sur la chance, sur le hasard, sur l'exception, sur la faveur ou le privilège, mais qu'il faut, avant tout, tabler sur notre énergie, sur notre volonté, sur notre effort personnel, prévoir les actes et leurs conséquences, d'où l'esprit d'initiative et de décision complété par la persévérance dans l'action.
En définitive, elles nous enseignent que nous sommes les artisans de notre destinée et que nous récoltons ce que nous avons semé parce que le présent détermine l'avenir.
Elles nous apprennent que, dans l'immense majorité des cas, rien ne se produit qui ne soit mérité.
On conçoit dès lors, dans l'exercice de la volonté, l'im-portance du raisonnement qui n'est autre que l'intelligence elle-même envisagée dans sa fonction supérieure, et le rôle de la réflexion qui est un retour de l'esprit sur lui-même.
C'est elle qui guide l'action et qui permet à la volonté de concevoir le but, de découvrir les moyens de l'atteindre et d'écarter les obstacles. Elle produit en l'âme des élans affectifs précieux quand on sait les utiliser; elle est, de plus, la grande libératrice puisqu'eIle nous permet de résister au bouillonnement des sentiments, des passions, des idées qui se ruent, sans ordre, vers la lumière de la conscience.
C'est par elle que l'être conscient peut se reprendre, demeurer lui-même, se rendre compte de sa personnalité et se posséder. Toutefois, il ne faut pas exagérer le développement de la réflexion car, lorsqu'il est excessif, il aboutit à faire des caractères indécis et flottants. Une volonté énergique et résolue ne s'attarde pas longuement dans les préliminaires de la réflexion. Elle y demeure juste le temps qu'il faut pour décider en pleine connaissance de cause.