Un échange de vitalité ?
Le résultat que j'avais obtenu au premier essai, sur le blessé de la prison, je l'avais compris. C'était clair: l'excès de souffrance de mon compagnon, multiplié par nos conditions un peu spéciales d'immobilisation, de limitation d'espace, d'isolement dans lesquels nous nous trouvions, avait déclenché en moi une révolte intérieure, un désir de combattre, de vaincre à tout prix. D'où l'instinct avait dégagé le procédé d'échange: "Tu souffres, tu es vaincu, je prends ta souffrance comme on prend dans la bataille la place d'un camarade blessé, je m'attribue ton mal, je me bats pour toi et pour moi, après quoi je rejette ton mal qui ne m'était pas destiné".
Dans ce cas particulier, ma responsabilité avait donc joué par voie de décision. Ce que j'avais réalisé, j'en pouvais aligner les motifs un par un. Cela me rassurait. Tandis que, dans la guérison de la gangrène, il n'y avait eu aucun apport volontaire de ma part: ni physique, ni moral, ni psychique. Tout au contraire, je luttais contre la répulsion et le désir de fuir. Compte tenu de la pitié que l'on éprouve forcément pour un être jeune atteint en plein épanouissement, je n'avais réussi à susciter en moi qu'une concession de principe.
Donc, le contact psychique ayant été nul, il me fallait reconnaître que le seul fluide de mes mains, indépendamment de tout autre apport, avait fait évoluer la maladie.
Autrement dit, la peau avait réactivé la peau. Ce qui m'ouvrait un nouvel horizon: le semblable vitalisant son semblable par recours à la similitude.
Ainsi la peau malade pouvait dire à une peau saine: "Donne-moi ta vitalité", et lui en tracer le chemin. La peau saine fournissait alors une émission d'énergie dont l'autre s'emparait.
- Les déductions auxquelles tu te livres, pourraient être pour toi une source de fortune. Puisque la peau agit par projection directe sur la peau, ce ne te serait qu'un jeu de régénérer les peaux marquées par les soucis quotidiens. Quelques minutes de traitement de temps à autre et furie la vieillesse avec ses rides. Qu'en dis-tu ?
- Je t'avoue avoir déjà fait quelques expériences de ce genre par curiosité. Mais il y a mieux à faire, étant donnée la vitalité que cela me coûterait, que prendre la place d'une pommade. Sans compter que la chirurgie esthétique pare merveilleusement bien aux marques de vieillesse. Toutefois on peut envisager...
- Quoi donc ?
- La jeunesse pourra être à volonté rendue à tous les visages dès que sera au point la machine, actuellement à l'étude, qui permettra d'emmagasiner le fluide du vitaliseur et de le répartir suivant nécessité. Dès lors, n'importe quel vitaliseur pourra remplir la machine, et nous verrons des camionnettes marquées DON DU FLUIDE rouler derrière leurs aînées qui affichent DON DU SANG.
Le travail sera plus objectif, plus précis.
- Très bien. Mais, en attendant, que comptes-tu faire ?
- Etendre l'étude de l'influence des similitudes sur les divers organes qui constituent le corps humain, et me rendre compte, sitôt que l'occasion m'en sera donnée, si un coeur peut aider un coeur, le foie un foie, les poumons des poumons.
- De quelle façon puisque tout cela est interne ?
- Par simple afflux mental de vitalité, projeté, à travers la pensée, par l'organe sain à l'organe lésé, sous forme de don gratuit: le don d'altruisme.
- Si j’étais toi, me dit mon ami, je viserais moins haut. C'est le docteur qui te parle maintenant. Tu risques d’oeuvrer dans le brouillard et que cela te coûte cher, tu peux m'en croire. Sans compter que je me demande quel fou pourrait prêter foi à cette forme d'utilisation de la vitalité ?
Cela devrait me coûter cher en effet, puisque le premier résultat d'une recherche, même désintéressée, est toujours déprécié. Mon ami ne s'était trompé que sur un point: le "fou" n'était pas loin car ce fut lui, en personne, qui m'appela.
Le résultat que j'avais obtenu au premier essai, sur le blessé de la prison, je l'avais compris. C'était clair: l'excès de souffrance de mon compagnon, multiplié par nos conditions un peu spéciales d'immobilisation, de limitation d'espace, d'isolement dans lesquels nous nous trouvions, avait déclenché en moi une révolte intérieure, un désir de combattre, de vaincre à tout prix. D'où l'instinct avait dégagé le procédé d'échange: "Tu souffres, tu es vaincu, je prends ta souffrance comme on prend dans la bataille la place d'un camarade blessé, je m'attribue ton mal, je me bats pour toi et pour moi, après quoi je rejette ton mal qui ne m'était pas destiné".
Dans ce cas particulier, ma responsabilité avait donc joué par voie de décision. Ce que j'avais réalisé, j'en pouvais aligner les motifs un par un. Cela me rassurait. Tandis que, dans la guérison de la gangrène, il n'y avait eu aucun apport volontaire de ma part: ni physique, ni moral, ni psychique. Tout au contraire, je luttais contre la répulsion et le désir de fuir. Compte tenu de la pitié que l'on éprouve forcément pour un être jeune atteint en plein épanouissement, je n'avais réussi à susciter en moi qu'une concession de principe.
Donc, le contact psychique ayant été nul, il me fallait reconnaître que le seul fluide de mes mains, indépendamment de tout autre apport, avait fait évoluer la maladie.
Autrement dit, la peau avait réactivé la peau. Ce qui m'ouvrait un nouvel horizon: le semblable vitalisant son semblable par recours à la similitude.
Ainsi la peau malade pouvait dire à une peau saine: "Donne-moi ta vitalité", et lui en tracer le chemin. La peau saine fournissait alors une émission d'énergie dont l'autre s'emparait.
- Les déductions auxquelles tu te livres, pourraient être pour toi une source de fortune. Puisque la peau agit par projection directe sur la peau, ce ne te serait qu'un jeu de régénérer les peaux marquées par les soucis quotidiens. Quelques minutes de traitement de temps à autre et furie la vieillesse avec ses rides. Qu'en dis-tu ?
- Je t'avoue avoir déjà fait quelques expériences de ce genre par curiosité. Mais il y a mieux à faire, étant donnée la vitalité que cela me coûterait, que prendre la place d'une pommade. Sans compter que la chirurgie esthétique pare merveilleusement bien aux marques de vieillesse. Toutefois on peut envisager...
- Quoi donc ?
- La jeunesse pourra être à volonté rendue à tous les visages dès que sera au point la machine, actuellement à l'étude, qui permettra d'emmagasiner le fluide du vitaliseur et de le répartir suivant nécessité. Dès lors, n'importe quel vitaliseur pourra remplir la machine, et nous verrons des camionnettes marquées DON DU FLUIDE rouler derrière leurs aînées qui affichent DON DU SANG.
Le travail sera plus objectif, plus précis.
- Très bien. Mais, en attendant, que comptes-tu faire ?
- Etendre l'étude de l'influence des similitudes sur les divers organes qui constituent le corps humain, et me rendre compte, sitôt que l'occasion m'en sera donnée, si un coeur peut aider un coeur, le foie un foie, les poumons des poumons.
- De quelle façon puisque tout cela est interne ?
- Par simple afflux mental de vitalité, projeté, à travers la pensée, par l'organe sain à l'organe lésé, sous forme de don gratuit: le don d'altruisme.
- Si j’étais toi, me dit mon ami, je viserais moins haut. C'est le docteur qui te parle maintenant. Tu risques d’oeuvrer dans le brouillard et que cela te coûte cher, tu peux m'en croire. Sans compter que je me demande quel fou pourrait prêter foi à cette forme d'utilisation de la vitalité ?
Cela devrait me coûter cher en effet, puisque le premier résultat d'une recherche, même désintéressée, est toujours déprécié. Mon ami ne s'était trompé que sur un point: le "fou" n'était pas loin car ce fut lui, en personne, qui m'appela.